de Des Rives de l'Orb » Dim 16 Nov 2025 18:16
Quand on lit que Saul Loggenberg est désormais "mandataire social"
Midi Libre du 28 octobre: "Saul Loggenberg, un des relais principaux de Robert Skintad, devient directeur général en tant que mandataire social."
Qui est Saul Loggenberg ? Profil d’un financier offshore
Au cœur de la galaxie d’investisseurs se trouve Saul Loggenberg, un homme d’affaires sud-africain-britannique au profil singulier.
Peu connu du grand public sportif jusqu’ici, Loggenberg possède un solide parcours dans la finance d’entreprise, notamment dans le rachat et la restructuration de sociétés en difficulté. Au début des années 2010, il dirigeait le Bowdon Investment Group au Royaume-Uni, avec lequel il a multiplié les acquisitions d’entreprises industrielles en difficulté – camions, engins de chantier, etc. – pour bâtir un groupe de 120 M£ de chiffre d’affaires
. Sa stratégie, saluée alors par la presse économique, consistait à profiter des occasions de marché pour reprendre à bon prix des actifs en difficulté, en s’appuyant sur sa capacité à trouver des financements et à redresser les entreprises rachetées
Au Royaume-Uni : interdit de diriger pendant 11 ans
En 2013, Loggenberg a été banni par la justice britannique de toute fonction de directeur jusqu’en 2024.
Motif : il s’est versé plus de 120 000 £ à titre personnel alors que son entreprise devait encore près de 280 000 £ à ses créanciers.
Les enquêteurs ont parlé de mauvaise gestion et d’un manque total de transparence comptable.
En Afrique du Sud : les scandales Filcon Projects
Ensuite, il s’est retrouvé dans les affaires de Filcon Projects, une société de construction au Cap.
Cette boîte a connu une dizaine de liquidations, tout en continuant à obtenir des marchés publics !
Le parti ANC local a même saisi le Public Protector (genre Défenseur du peuple) pour dénoncer les irrégularités.
Beaucoup se demandent comment une société insolvable a pu continuer à bosser pour l’État.
Encore une fois : dettes, flou, et soupçons d’arrangements politiques.
. Ce passé de deal-maker aguerri explique en partie la structuration sophistiquée du montage biterrois : Loggenberg est rompu aux montages multi-structures et à l’utilisation de véhicules juridiques variés, y compris dans des juridictions offshore ou permissives, pour mener à bien ses investissements.
Parallèlement à ses activités industrielles, Saul Loggenberg s’est aventuré dans le monde du sport, en particulier la boxe. En 2017, il co-fondait la promotion Kalakoda Boxing en Afrique, organisant notamment des galas internationaux en partenariat avec la chaîne Kwesé Sports. Son ambition déclarée était de repositionner la boxe africaine sur la scène mondiale – « Notre vision est de repositionner la boxe sur le continent et d’offrir aux boxeurs africains l’opportunité de combattre au plus haut niveau », déclarait-il alors
espn.com
. Cette incursion sportive, ponctuée de quelques succès mais aussi de difficultés (un tournoi au Zimbabwe avait tourné au fiasco, obligeant les promoteurs à dédommager in extremis les boxeurs), illustre le goût de Loggenberg pour les défis sportifs non conventionnels. Aucun novice donc dans le sport-business, il sait manier le discours ambitieux et fédérateur tout en structurant des deals complexes en arrière-plan.
En Angleterre : tentative de rachat du Wigan Athletic FC
En 2021, il revient en Europe avec un consortium pour racheter Wigan Athletic, un club anglais en faillite.
Sauf que les médias et les fans ont vite découvert son passé de directeur disqualifié.
Gros tollé local.
Il a alors expliqué qu’il “n’aurait aucun rôle officiel”, mais ça n’a convaincu personne.
Résultat : son offre n’a pas été retenue.
Les administrateurs ont préféré un groupe bahreïni bien plus solide et surtout… transparent.
Sur le projet ASBH, tous les éléments suggèrent que Saul Loggenberg est l’architecte principal de la reprise. S’il n’occupe aucun poste officiel dans la gouvernance du club (son nom n’apparaît ni comme dirigeant statutaire de la SASP ni des filiales déclarées à ce stade), il est présent dans l’ombre à chaque étape : il est mentionné parmi les négociateurs ayant « conclu la transaction » aux côtés de Stuart Makin, Johnny Howard, Aurore Pasquet et Stephen Newton, d’après un document interne
. Ses liens avec Stuart Makin semblent étroits et anciens – Makin apparaît comme son partenaire de confiance, probablement co-investisseur sur plusieurs dossiers passés et présentés ici comme membre du conseil de surveillance de l’ASBH. Loggenberg affiche par ailleurs une proximité avec certains milieux financiers londoniens, ce que confirme la participation de Stephen Newton (fondateur du cabinet de conseil Elixirr) dans le projet. En somme, Saul Loggenberg représente le cerveau financier de l’opération Béziers : un profil d’initié de la finance internationale, habitué aux montages transnationaux et aux paris économiques risqués, dont l’implication réelle dans le club dépasse largement ce que la structure officielle laisse transparaître.
Si c'est ce genre de personnes qu'on accepte à la tête d'une institution du rugby français ...?