"J’ai connu en interne une haine incroyable" : Bernard Fages démissionne de son poste de président des Béziers Angels
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Cyril Marinangeli, Bernard Fages et Patrick Tourou ne feront plus partie du club à compter de l’assemblée générale de ce 15 octobre.Cyril Marinangeli, Bernard Fages et Patrick Tourou ne feront plus partie du club à compter de l’assemblée générale de ce 15 octobre. Midi Libre - Laurent François
Volley-ball, Béziers, Béziers Angels
Publié le 14/10/2025 à 18:48 , mis à jour à 18:54
Laurent François
Bernard Fages, le président des Béziers Angels, annoncera, ce mercredi 15 octobre, lors de l’assemblée générale du Béziers volley, qu’il quitte son poste à la tête du club. Patrick Tourou, le trésorier, Cyril Marinangeli, responsable de la N2 au bureau du club et Luc Lazare, président du club des supporters et membre également du bureau, jettent aussi l’éponge. Une page se tourne.
Vous annoncez démissionner de votre poste après dix ans de présidence. C’est une page qui se tourne…
On peut même dire que cela se termine mal puisque je pars avec Patrick Tourou, le trésorier, Cyril Marinangeli, qui s’occupait de la N2 au bureau et Luc Lazare, le président des supporters et membre aussi du bureau.
Cette démission intervient alors que vous avez porté le club au plus haut niveau…
Je pense que nous avons un bilan sportif plutôt à notre honneur avec un titre de champion de France, une coupe de France, une finale perdue de coupe de France et deux ligues des champions, la CEV et la Challenge cup. En dix ans, nous avons disputé neuf ans la coupe de d’Europe. Nous en sommes fiers, compte tenu de nos moyens financiers qui nous plaçaient entre la 5e et la 7e place au niveau des budgets. Sur le plan sportif, c’est plutôt une réussite.
Pourquoi, alors, avoir pris la décision de démissionner ?
Ce club a toujours été une grande famille, tout en étant très professionnel. Au niveau national, cela a d’ailleurs été notre marque de fabrique. Les gens qui venaient à Béziers le savaient, les joueuses venaient pour ça. C’était notre ADN. Cela a duré jusqu’à l’année dernière, jusqu’à ce que nous venions au Palais des sports que d’ailleurs tout le monde nous envie car c’est vraiment un outil pour jouer en Pro A.
Que s’est-il passé ?
Quand nous sommes arrivés au Palais des sports, notre idée était de passer la main à quelqu’un capable de faire évoluer le club. Nous nous étions entretenus avec un entrepreneur de Béziers et avions établi un projet sur trois ans. Après plusieurs réunions conflictuelles avec le maire, cette personne a jeté l’éponge. C’est là que cela a commencé à se dégrader, que cela s’est tendu avec la mairie et l’Agglo. Puis, est arrivée la saison écoulée et cela a été la catastrophe.
C’est-à-dire ?
J’ai connu, en interne, une haine incroyable. Cela a coïncidé avec l’arrivée de Frédéric Havas à la tête de l’équipe. Il n’a pas été accepté au club. En termes de relations, ça ne s’est pas bien passé avec les joueuses et le staff. Nous sommes intervenus à plusieurs reprises pour essayer de calmer la situation. Entre-temps, nous avons eu des blessées et nous nous sommes retrouvés sans centrale. Nous avons alors pris rendez-vous avec le maire afin de voir si la Ville, sponsor principal du club à hauteur de 42 % du budget, pouvait nous aider pour recruter une joueuse. La réponse a été : "Ce n’est pas le sujet, il faut virer Fred Havas". Quand nous lui avons signifié que nous ne pouvions pas financièrement prendre un autre entraîneur, il nous a dit : "Vous avez Fabien Simondet". Nous avons donc licencié Fred Havas.
La situation s’est-elle améliorée ?
C’est ce que nous pensions, mais cela ne fut pas du tout le cas. Nous ne l’avions pas vu venir et en avril, on m’a appris que des Suisses allaient reprendre le club. Ce que m’a confirmé le maire lors d’une entrevue, où je me suis rendu compte que pas mal de choses avaient déjà été calées dans notre dos. Le jour du dernier match de la saison, à Béziers, en avril, nous avons rencontré les Suisses, en mairie. Nous leur avons demandé leur projet, de discuter avec eux et de prendre connaissance des garanties. Le soir, ils ont assisté à la rencontre et, à notre grand étonnement, nous nous sommes rendu compte qu’ils connaissaient déjà tout le monde, le staff, les joueuses… Nous avons d’ailleurs appris qu’ils étaient à Béziers depuis trois jours, qu’ils avaient vu beaucoup de monde sauf nous, qui sommes pourtant les seuls à pouvoir prendre des décisions. Nous avons finalement reçu le projet trois jours après.
Qu’y avait-il à l’intérieur ?
C’est très bien fait. Quelqu’un qui ne connaît rien au volley signerait sans hésiter ! Nous avons épluché le dossier. Quand nous les avions vus en mairie, les Suisses nous avaient dit qu’ils n’apporteraient pas d’argent en cash et que dans le projet, la mairie s’engagerait à donner 47 % du budget. Sans fermer la porte, nous avons décidé, à l’unanimité du comité directeur, de refuser ce projet dans de telles conditions. Ils nous ont ensuite demandé de leur envoyer certaines pièces comptables. Nous avons demandé à les rencontrer à nouveau afin de leur présenter les documents demandés. Ils ont refusé de revenir à Béziers, nous annonçant qu’ils étaient en relation avec la mairie et des salariés du Béziers volley depuis le 5 janvier… Ils ont rétorqué qu’ils allaient signifier notre refus au maire. Depuis, malgré mes sollicitations, je n’ai plus eu de rapport avec ni la mairie, ni l’Agglo. C’est un manque de respect vis-à-vis de nous.
Vous avez ensuite été convoqué devant le Service départemental à la Jeunesse, à l’engagement et aux sports (émanation de l’état) , étant accusé de harcèlement et d’insultes ?
Effectivement, après que l’on nous a fait savoir, au club, qu’il serait bien que nous partions, j’ai été convoqué auprès du Service départemental à la Jeunesse, à l’engagement et aux sports qui avait reçu sept lettres, dont six anonymes. Suite à cette affaire et après la publication d’articles de presse, estimant que cela faisait beaucoup, nous avons décidé, au début du mois de juillet, de quitter le club. Depuis, on n’a plus cessé de nous tirer dessus. Nous venons même d’apprendre que la Fédération française de volley, nous convoque en conseil de discipline pour les mêmes faits reprochés par le Service départemental à la Jeunesse, à l’engagement et aux sports. On ne peut pas rester dans une telle ambiance. Le 15 au soir, c’est donc terminé. Et nous n’en savons pas plus pour la suite, on ne nous a rien dit.