JM a écrit:Encore un article ce jour dans ML sur le club de beziers
"Moi, je ne suis personne, mais je veux savoir !" : à Béziers, le silence entretenu par les repreneurs exaspère l’ASBH, au bord de la crise de nerfsAbonnés
Où va l’ASBH ? Laissés dans le flou, les "rouge et bleu" attendent de connaître le projet des repreneurs
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Malgré des résultats sportifs entretenant l’espoir, le temps des questions est arrivé pour le club biterrois, plongé dans l’incertitude totale quant aux intentions des nouveaux propriétaires.
En rachetant l’ASBH pour 1,8 million d’euros le 7 novembre 2024, "ils" n’ont pas promis la lune mais ont suscité suffisamment d’attentes pour qu’aujourd’hui la face cachée de leurs intentions soit enfin dévoilée. "Ils", les repreneurs "invisibles" du fonds d’investissement irlandais Strangford Capital, que personne ne croise dans les couloirs du stade Raoul-Barrière. Intronisés nouveaux co-présidents, les ex-internationaux Andrew Mehrtens (NZ, 51 ans) et Bobby Skinstad (AFS, 48 ans) vivent respectivement à Paris et à Londres et ne sont joignables que par mail (quand ils répondent). Une absence qui, à la longue, fait jaser en interne. "Aucune nouvelle, on n’a aucun contact avec eux (depuis quatre mois)", souffle un joueur, sous couvert d’anonymat.
En début de semaine, le 7 avril, une réunion décisive devant définir le projet final a bien eu lieu, les repreneurs promettant une communication d’ici la fin du mois, dans la grande tradition mutique anglo-saxonne. Mais à sentir le pouls du club, balayé depuis des mois entre blessures et scandales de violences conjugales, la patience du landerneau est à bout. Et la défaite (31-20) à Aix vendredi, qui met en péril la 6e place qualificative du club, n’arrange évidemment rien. "Cette saison, je vis des choses que je n’ai jamais vécues. Quand je serai vieux, ce sera une histoire à raconter", a témoigné dans un sourire pincé le deuxième ligne Pierre Gayraud, jeudi dernier en conférence de presse, symbolisant le sentiment général.
Entraîneur, joueurs, effectif, l’incertitude règne
Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup, dit le dicton. Faut-il accepter ce sombre augure, alors que Béziers, 6e de Pro D2, est toujours en course pour le meilleur en ce début de printemps ? "On n’a pas envie de terminer à la place du con (7e). On n’a pas besoin de grand-chose, juste d’un petit coup de pouce", temporise Pierre Caillet, un entraîneur-manager multi-casquettes contraint de faire tampon entre l’exaspération du vestiaire et le silence radio de la direction. Son avenir, celui des joueurs, des futures recrues ? Blackout total.
Une hérésie au regard du lien fusionnel unissant Caillet à son effectif, lequel depuis trois ans ne jure que par lui, résultats probants à l’appui. Plus significatif peut-être, de l’avis unanime, y compris des anciens, l’atypique coach a su ressusciter le légendaire esprit biterrois, en sommeil depuis deux décennies.
Mais l’indécision plane, or il y a urgence à clarifier l’organigramme et rassurer le sportif, touché par une grave pénurie aux postes d’ouvreur et d’arrière, sans horizon net en vue de la saison prochaine. D’ordinaire, budget prévisionnel et transferts sont bouclés fin janvier. L’ASBH, elle, semble (re) partir de zéro alors que l’exercice 2024-25 touche bientôt à sa fin. Qu’attendre ? Qui croire ? Que penser ?
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L’AS Béziers Hérault a appris avec tristesse la disparition d’Eddie JORDAN à l’âge de 76 ans, des suites d’une maladie contre laquelle il se battait courageusement depuis l’an passé.
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— ASBH Officiel (@ASBHOfficiel) March 20, 2025
Pas de gouvernance, rien ne bouge
"On a montré qu’on mérite quelque chose, martèle Pierre Caillet, en passe de qualifier l’ASBH pour les phases finales de Pro D2 pour la deuxième année consécutive, remarquable performance. Personnellement, je n’ai eu aucune discussion avec les nouveaux repreneurs. L’homme de la situation ? Je pense l’être encore. Quand je n’aurai plus le vestiaire derrière moi, je n’attendrai pas la fin de mon contrat, je me casserai. Ils (les repreneurs) disent qu’ils ont le temps, mais on n’a pas le temps. Je ne suis pas un frein au projet de Béziers. Moi, je ne suis personne, mais je veux savoir !" La sortie est téméraire. Suffira-t-elle à faire sortir du bois Skinstad et Mehrtens ?
En attendant, les affaires courantes sont gérées à la petite semaine, malgré la présence de Johnny Howard, ancien demi de mêlée du club et représentant sur place des repreneurs. Au détail près qu’il n’a aucune fiche de poste, ni délégation de signature ou pouvoir concret. Un dirigeant haut placé suspecte le pire : "Ils vont vouloir tout axer sur la formation afin de sortir des jeunes dans le seul but de les revendre." Pour l’heure, le constat est implacable : en l’absence de gouvernance, rien ne bouge.
La mairie pèse encore fort
"Je ne suis pas inquiet. Jusqu’à maintenant, ils ont fait ce qu’ils ont dit, ils ont respecté leurs engagements financiers", veut rassurer le maire Robert Ménard, à qui la promesse verbale d’un budget avoisinant les 10 millions d’euros a été faite. Mais de regretter que "la communication et les rapports humains ne (soient) pas au rendez-vous, c’est un euphémisme".
Pierre angulaire du projet, la Ville de Béziers brandit dès lors ses garanties. Bien qu’elle ne soit actionnaire du club qu’à 2 %, elle dispose de droits de véto en cas de décisions mettant les finances en péril. De précieux garde-fous, qui renvoient au spectre du vrai faux projet émirati, vécu comme un traumatisme en 2020. "À Béziers, tu n’abandonnes pas le club", claque Ménard, dont les subventions aux "rouge et bleu" (1,2 M€ Ville et Agglo pour un budget de 9,2 M€) restent substantielles, à l’image de l’excédent de 350 000 euros dégagé par l’ASBH la saison passée. La photographie de l’institution fait sens : les caisses sont vertueuses, l’environnement beaucoup moins.
Le club navigue à vue, la confiance dévisse
"On ne veut pas réduire le budget. On va peut-être l’augmenter dans les trois prochaines années. On ne veut pas être trop ambitieux, trop confiant. On va prendre le temps de tout bien analyser, pour bien dépenser", expliquait l’ancien All Black Andrew Mehrtens il y a quatre mois lors de sa prise de fonction. "On ne veut pas faire comme les derniers projets, arriver avec des grandes idées de chamboulement. On veut mettre notre patte petit à petit", confirmait Bobby Skinstad.
Le 20 mars, la mort de l’ancien patron d’écurie de Formule 1 Eddie Jordan, grand promoteur du "deal", ajoutait à la confusion mais "(elle) ne compromet en rien l’avenir", promet de son côté Robert Ménard. À chacun son sentiment. Sur les réseaux sociaux, une frange grandissante de supporteurs ne cache plus ses doutes et critiques, tandis que les sponsors, ignorant où leur argent ruissellera, restent dans les starting-blocks. La confiance dévisse. Et au milieu de cette pagaille, un entraîneur navigue à vue : "Moi, dans l’histoire, j’ai l’impression d’être le casse-couilles de service". Pierre Caillet, droit dans ses bottes, face à l’amer…
Les commentaires:
Roumegous34
Ménard a abandonné l'ASBH à des investisseurs. Quoi d'anormal à ce qu'ils veuillent rentabiliser leur investissement, par ex. en servant d'élevage pour les London Irish ou en vendant des étalons formés à Béziers.
Une réponse : stopper toute subvention."Je n’ai jamais vu un coach aussi dévoué" : Pierre Caillet seul capitaine à bord d’un ASBH à l’avenir incertain§ Pierre Caillet occupe une place prépondérante au sein de l’ASBH, dépassant ses fonctions de patron du sportif. Il est le seul à capitaine à bord d’un club à l’avenir flou.D’un œil extérieur, pourquoi s’alerter de la situation de l’ASBH ? Le club est toujours en course pour la qualif', les nouveaux repreneurs ont respecté leurs engagements jusqu’à maintenant… Pas de vague à l’horizon. Mais en interne, on voit la tempête arriver. Le flou de l’avenir laisse présager d’une explosion de la cocotte-minute.
Pour tirer la sonnette d’alarme, un homme. À la moelle aussi imposante que sa carcasse. Mais il est seul, bien trop seul. Si le vestiaire est totalement acquis à sa cause ("Je n’ai jamais vu un entraîneur avec un vestiaire à 200 % derrière lui comme ça", souffle l’un d’eux), Pierre Caillet (44 ans) se heurte à un mur quand il s’agit de se projeter, envisager le futur, préparer l’effectif de la saison prochaine (voire actuelle…) avec la nouvelle direction. Des "félicitations" ou des "dommage" par SMS après une victoire ou une défaite sont les seules réponses qu’on lui donne.
Ce mutisme des hautes sphères du club pourrait compromettre tout ce que le manager a bâti ces trois dernières années. "Mes deux premières années ont été difficiles, je n’ai pas pris de vacances, des joueurs ont signé leur contrat le 30 juin, certains s’entraînaient alors qu’ils n’avaient pas encore signé. On s’est construit dans le dur. Mais ça nous a transcendés. Je l’ai toujours dit, on a la tête dure. On n’attend pas que les choses arrivent. Mais putain, on a montré qu’on méritait quelque chose", confie-t-il. Sous-entendu, un peu de soutien et de respect.
"Je veux que le club avance"
Sauf que sa grande gueule et la place qu’il prend dans le club dérangent. "Des mots ont été dits. Dans une réunion, on m’a posé la question : "Pourquoi es-tu si important dans le club, alors que tu n’as rien gagné ?" Aujourd’hui, on m’attaque plus sur le côté humain que sur les résultats."
Ce qui ne l’empêche pas de garder la face devant ses joueurs, de remplir sa mission. "Je n’ai jamais vu un coach aussi dévoué. Ça a joué sur sa famille, un divorce, de l’argent perso. Au club, il est aussi secrétaire, grand frère, il s’occupe des papiers de bagnoles de certains", assure un joueur cadre de l’équipe.
"Ils (les repreneurs) disent qu’un projet va se monter. Mais pour moi, on n’a pas le temps. Et pourquoi ils ne se sont pas présentés aux joueurs ? Mes joueurs veulent savoir, s’intéressent. Heureusement que je leur dis certaines vérités. Moi, je suis un putain de tampon au milieu", lance Caillet.
Des déclarations fortes tenues par l’ancien troisième ligne "rouge et bleu" (2012-2015), né en Isère mais "Biterrois d’adoption". "Je veux que le club avance, insiste-t-il avec passion, presque les larmes aux yeux. Avec ou sans moi. Moi, je partirai avec le respect des joueurs. J’ai requalifié le club en trois ans, je l’ai fait avancer, comme mon centre de formation, on a un synthétique, une nouvelle salle vidéo, le logiciel que tous les clubs pros ont, deux analystes vidéos. J’aurai fait mon bonhomme de chemin". Des mots forts avant une poignée de main et, peut-être, un avenir commun.